Mon expérience de chute libre


La scène s’est déroulée samedi dernier, par une journée superbe. J’arrive à l’aéroclub. Je souffle un bon coup avant d’entrer sur le tarmac. Je suis un brin tendu : je suis venu ici pour effectuer mon baptême de parachute. Un saut en tandem. Je me présente à mon instructeur, saut en parachute Evan. L’ambiance est tout de suite conviviale. C’est la même type d’atmosphère que j’ai déjà pu sentir en testant du kitesurf avec des professionnels il y a deux ans. Michael me donne ce qu’il faudra faire pour prévenir les bobos, puis nous passons mon harnais. Ainsi acoutré, je fais la découverte de l’appareil, un petit coucou qui semble assez vulnérable. Je pénètre tant bien que mal à bord de celui-ci. Aucun siège en vue : on s’installe à même le sol. Le pilote à l’avant ne perd pas une minute et on abandonnons bientôt derrière nous le plancher des vaches. Le vol est à lui seul une expérience. J’ai l’habitude de prendre l’avion, voler à bord d’un aussi petit appareil se révèle plus mouvementé. La porte latérale reste toujours ouverte et laisse le vent glacé entrer dans l’appareil. La vue sur la terre est sidérante.. Après une demi-heure de vol, nous nous retrouvons enfin une altitude de 3500 mètres. Florent asservit mon harnais au sien, puis m’offre une protection pour mes lunettes de vue. Le bandeau est serré, mais étant donné qu’on va tomber à près de 200 km/h, c’est ça ou les perdre en cours du vol. Je sens une terreur comme je n’en ai encore jamais éprouvée m’envahir lorsque vient le moment fatidique et que je suis devant l’ouverture béante.
Je réalise soudain ce que je m’apprête à faire : me jeter dans le vide à 3 km et demi au-dessus du sol. J’ai brusquement une folle envie de tout annuler. On se laisse tomber, et c’est parti. Une fois stabilisés, je peux enfin admirer la vue : sublime. J’ai vraiment intérêt à m’en mettre plein les mirettes, car je n’ai droit qu’à quarante-cinq secondes d’euphorie ! Une chute à une vitesse sensationnelle. Mon visage tendu par la vitesse, chute libre je dois ressembler à un chien qui sortirait la tête par la vitre du siège passager quand on roule à grande vitesse. Ce n’est pas tous les jours qu’on vole ! Subitement, le parachute s’ouvre, et nous laissons la position horizontale pour nous retrouver suspendus. Et le vol devient tout autre. Le silence qui règne en altitude est magistrale. Le paysage est d’une inégalable beauté. J’ai l’impression de ne faire qu’un avec le monde. Puis on rejoint le plancher des vaches, à deux mètres du point où j’ai rencontré Arnaud. La boucle est bouclée. La prochaine fois, je choisirai un saut en solo. Je rêve de pouvoir contrôler ma trajectoire au cours de la chute libre.


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