La croissance d’Emirates


Pourtant, alors qu’Emirates impose de nouvelles normes en matière de technologie, de luxe et de gamme, il est de plus en plus difficile de maîtriser sa maîtrise. Conçu comme un pari titanesque sur la croissance de ce que les économistes du développement appellent le Sud – le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie du Sud et l’Amérique latine – la compagnie aérienne est en danger si ces marchés émergents n’émergent pas. En mai, Emirates a enregistré son premier recul annuel de son chiffre d’affaires et élimine certains de ses plans de croissance en raison du ralentissement de la demande de l’Afrique subsaharienne, de la Turquie et du Brésil. Les analystes du secteur s’interrogent sur la manière dont Emirates remplira le nombre impressionnant d’avions commandés. La société a accepté d’acheter 50 A380 et 174 Boeing 777, ce qui s’ajoute aux 92 et 148, respectivement. À titre de comparaison, British Airways exploite 12 A380 et American Airlines, Delta et United en ont zéro. La plus grande menace réside peut-être aux États-Unis, le marché du tourisme le plus lucratif au monde, où Emirates s’est développé de manière agressive. Il vole dans 11 villes, dont Orlando, Boston, Seattle et Dallas. Sous la direction de Delta, les trois grands américains intensifient leur campagne de lobbying contre Emirates et ses rivaux plus petits du golfe Persique, Etihad Airways et Qatar Airways, collectivement le ME3, dans le but de restreindre leur accès aux aéroports américains, à moins que les « subventions injustes » ne soient éliminées. Leur argument, à savoir que des étrangers bien empaquetés menacent des emplois américains en inondant le marché de capacités subventionnées, était jadis perçu par les milieux d’affaires comme une tentative à long terme – mais il se trouve qu’il correspond précisément à la vision du monde du président élu Donald Trump. Des efforts similaires sont en cours en Europe. Ces défis peuvent rendre le monde moins hospitalier que jamais à une entreprise dont le marketing projette un globalisme ensoleillé. Avec Trump et son ascendant, une annonce d’Emirates résume une philosophie d’entreprise qui se sent de plus en plus en désaccord avec son époque: « Demain, les frontières sont comme hier. » Dubai International tourne à toute vitesse 24 heures sur 24 pour aider Les Emirates desservent un réseau allant de Buenos Aires à Christchurch, en Nouvelle-Zélande. En 1984, Dubaï était un marigot, une des sept villes-États qui constituaient les nouveaux Émirats arabes unis, lorsque son dirigeant, Cheikh Rashid bin Saïd al-Maktoum, et son fils Mohammed décidèrent de créer une compagnie aérienne. Avec un capital d’amorçage de 10 millions de dollars et deux avions loués du Pakistan, Emirates a été créée un an plus tard sous la direction de deux expatriés britanniques, Maurice Flanagan et Tim Clark, qui desservaient initialement des destinations régionales avant d’effectuer ses premiers vols à destination de Londres en 1987. Retrouvez plus d’informations sur l’organisateur de cette activité de vol en Fouga Magister.



Egypte : la manne touristique, une exploitation « minière », précaire et inégalement répartie


Avec le retour à la paix, l’Égypte a relancé depuis les années 80 une activité touristique qui remonte au XIXème siècle. Aux sites de la vallée du Nil sont venues s’ajouter les plages du Sinaï et de la mer Rouge, avec une clientèle aisée locale, qui a déjà « colonisé » les rives de la Méditerranée. Un étalement de l’activité en termes de motivation (culturelle ou balnéaire), de clientèle (plus âgée et occidentale dans la vallée, plus jeune et originaire souvent de l’ex-URSS sur la mer Rouge), de localisation (entre la vallée du Nil et les rivages), de saison (estivale au nord, hivernale au sud). A quoi il faut ajouter le tourisme arabe, plus attiré par des destinations traditionnelles comme les deux métropoles du Caire et d’Alexandrie, qui s’étale toute l’année, et dont les motivations varient de l’estivage familial au tourisme sexuel. Le tourisme offre l’avantage de diffuser ses recettes dans de larges segments de la population, à travers de multiples activités (bâtiment, services, artisanat, etc.) souvent informelles et n’exigeant pas de compétences particulières. Mais l’essentiel des recettes revient à des firmes étrangères (chaînes d’hôtels compagnies de transport…) alliées à des intérêts locaux et n’est pas réinjecté dans l’économie locale. Alors que l’Égypte a ambitionné de faire du tourisme une de ses principales ressources, elle n’a pas développé les infrastructures et les services qui auraient permis de fidéliser et développer sa clientèle. Le tourisme est demeuré une activité dominée par des agences encadrant un tourisme de groupe, cantonnés dans des enclaves protégées. De ce fait, le tourisme, est plus encore que les remises des émigrés, une ressource fragile, qui dépend de la situation sécuritaire dans le pays et dans l’ensemble du Moyen-Orient. Et toute interruption du flux touristique est un drame national, privant du jour au lendemain des millions d’Égyptiens de leur un maigre gagne-pain. De plus, au-delà de son aspect financier et économique, le tourisme est une activité à dimension symbolique, qui évoque des notions de paix et d’échange, tant dans la société d’accueil, mobilisée autour de la fierté de son patrimoine, de sa culture, de son hospitalité, que vis-à-vis du monde extérieur : une image attractive, rassurante, est un atout pour attirer les investissements étrangers. Or cette dimension n’a jamais été promue en Égypte : le patrimoine pharaonique est toujours tenu à distance, comme émanant de l’ère antéislamique, et le tourisme balnéaire est honni par la masse de la population, hostile au dénuement des corps, à la consommation d’alcool et à la légèreté fantasmée des mœurs qu’elle implique.