Poser ses valises… dans une entreprise


C’est étonnant, quand j’y pense. Il y a quelques années, lorsque mon employeur me parlait de challenge commercial, j’avais tendance à devenir chonchon. Il faut dire que j’ai travaillé pour pas mal d’entreprises qui n’y connaissaient décidement rien en management. Dans ces boîtes de la vieille école, la DRH exigeait de nous que nous nous donnions à fond mais donnait très peu en échange. Et tout donner durant des semaines pour avoir droit au final à une prime misérable. L’entreprise pour laquelle je travaille aujourd’hui a cependant être un peu mieux expérimentée en management. Lorsqu’elle met en place un incentive, la prime est proportionnelle à l’effort demandé. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec impatience que j’accueille les nouveaux incentives, et je me donne à 200 %. C’est comme ça que, l’année dernière, j’ai déjà remporté un iPad, un scooter, des places de ciné (il s’agissait là d’un court challenge)… Si je me réjouissais déjà de ces avantages, il y a quelques semaines, j’ai cette fois gagné le gros lot : un voyage de quatre jours en Thaïlande ! Pourtant, au départ, je dois admettre que je n’étais pas vraiment enthousiaste pour y participer. Si j’avais eu le choix’aurais de loin préféré réaliser ce voyage avec ma compagne. Parce que voyage avait lieu entre collègues, bien sûr. Je n’étais pas transporté par le concept. Voyager avec ses collègues, ce n’est pas vraiment du travail, mais ce n’est pas non plus des vacances. J’imagine que c’est la même chose de votre côté : on ne se conduit pas de la même manière au travail et on se comporte à la maison. Il y a un rôle à jouer, celui du mec qui s’amuse parce qu’il est en vacances, mais tout en prenant quand même garde à son comportement, car ses collaborateurs sont à portée d’oreilles. Du moins, challenge commercial c’est ce que je pensais. Une fois arrivé, je me suis surtout rendu compte qu’un voyage entre hommes, parfois, ça permet tout autant d’être naturel. Quoique d’un naturel un peu différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai eu mal aux cheveux durant mon séjour, mais je dois dire que ça fait tout de même du bien. Je craignais un peu que les activités organisées sur place aient la saveur d’un sandwich sous vide. Vous avez déjà sans doute dû supporter ce genre de choses : vous vous retrouvez dans une activité où l »on a recréé artificiellement pour vous pour faire plus exotique. J’ai déjà vécu ce genre de moment au cours d’un voyage, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais ma société a, là aussi, su tirer son épingle du jeu : elle a fait appel à une agence spécialisée qui a tout organisé de bout en bout, et nous a préparé un voyage vraiment authentique. Si le programme s’est avéré un peu chargé (c’était loin d’être reposant), ça a été un vrai bonheur : ce n’était pas un séjour touristique (le colon parmi les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et les autres collègues. Je craignais surtout d’être consterné par les activités organisées sur place. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été prévue par un moniteur de colo incapable de comprendre qu’il avait affaire à des adultes. La direction a gagné sur les deux tableaux, sur ce coup-là : elle a satisfait les employés grâce à ce voyage et a surtout contribué à resserrer les liens entre ceux-ci. Je pense que je suis en définitive arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais constamment d’enseigne. Alors qu’aujourd’hui, je me surprends à ne même plus dans le jardin du voisin. Et vous savez quoi ? Ca change la vie, de défaire ses bagages.


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