Un drôle de défilé


Une immense grotte de bois enduit de béton est posée au milieu d’un jardin, celui du Musée Rodin, à Paris. La caverne est encore un peu sombre, elle sent la peinture, des câbles pendouillent du plafond. Dans trente-six heures s’y déroulera le défilé Dior (plus de 1 000 invités et vraisemblablement plusieurs millions d’euros de budget), mais tout le monde a l’air serein, à commencer par Alexandre de Betak, chargé de ce show, qui collabore avec Dior depuis vingt ans. Très digne malgré ses surchaussures turquoise, il fait le tour du chantier devant les caméras de TF1, qui lui consacre un reportage pour la sortie de son livre modestement nommé Betak : Fashion Show Revolution (292 pages, 89,95 euros). Son éditeur, Phaidon, sait que son temps est précieux, et lui a collé autant d’interviews que possible dans le peu de temps dont il dispose. Lundi 25. Alexandre de Betak s’agite dans tous les sens au défilé Jacquemus qu’il organise également, poursuivi par les caméras de TF1, et par celles du journaliste Loïc Prigent pour Canal+. France 24 est là aussi, on patiente. Betak assure les répétitions, galvanise les mannequins (« Be sexy, be strong, be glamorous ! », accent français garanti) puis s’excuse de devoir partir, affirme que ça ne lui arrive presque jamais de s’éclipser avant le show. Et s’engouffre dans sa voiture noire pour rejoindre d’autres urgences. Mardi 26. Dans la grotte Dior, désormais étincelante grâce aux 300 000 morceaux de miroir qui la tapissent, Betak poursuit son numéro d’équilibriste. Il contrôle les finitions du show imminent, apaise TF1 qui aimerait le suivre partout, ménage la susceptibilité de son client à qui il ne doit pas faire d’ombre. Canal+ suit les tractations. Betak, toujours cool, revient vers nous dès qu’on tombe dans son champ de vision et s’enquiert, souriant : « Je dois vous parler ? »


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